Charte contre la Douleur
Article 1 : La douleur n'est plus une fatalité. Quelle que soit son origine, la douleur n'est plus admise comme une fatalité. Son soulagement est un droit fondamental. Il existe des moyens pour la soulager et la prévenir.
Article 2 : Croire en la douleur de l'autre. Croire une personne qui se plaint de douleur physique ou décrite en tant que telle, c'est respecter son intégrité et sa dignité.
Article 3 : La douleur : une souffrance à part entière. Toute douleur devait être prise en compte non seulement pour sa valeur diagnostique, mais aussi pour la souffrance qu'elle provoque et bénéficier d'un soulagement.
Article 4 : Evaluer la douleur. C'est lui donner sa juste valeur. Son évaluation devrait se faire à l'aide d'outils validés, au même titre que les autres paramètres cliniques et figurer dans les documents médicaux du malade.
Article 5 : Soulager sans attendre. Grâce aux progrès des techniques biomédicales, le soulagement de la douleur peut se faire en même temps que la recherche de sa cause et de son traitement, y compris en urgence.
Article 6 : 'éducation à l'évaluation et au traitement de la douleur. Pour mieux soulager,la formation à l'évaluation et au traitement de la douleur devrait être une priorité pour les professionnels de santé libéraux, institutionnels et à domicile, ainsi que pour les universités et les autorités de tutelle.
Article 7 : Disponibilité des antalgiques. Le malade devrait pouvoir bénéficier à tout moment des traitements adaptés à sa douleur. Il est ainsi souhaitable que les professionnels de santé disposent des antalgiques forts et que les pharmaciens, de leur côté, puissent délivrer dans les meilleurs délais un antalgique prescrit, notamment des opioïdes.
Article 8 : Prévenir la douleur. Avant et après des gestes présumés douloureux, des moyens antalgiques adaptés à l'état singulier du patient, devraient être appliqués.
Article 9 : Bénéficier d'un avis spécialisé douleur. L'avis d'un médecin spécialiste dans l'évaluation et le traitement de la douleur est souhaitable pour tout patient souffrant d'une douleur rebelle ou insuffisamment soulagée, selon les recommandations du principe du parcours de soins.
Article 10 : La douleur chronique, un phénomène pluridimensionnel. Tenant compte des dimensions cliniques, psychologiques, socioculturelles et familiales d'une douleur chronique, elle devrait être prise en charge globalement et bénéficier d'une évaluation et d'un suivi, par une équipe pluridisciplinaire spécialisée.
Article 11 : La douleur chez les personnes vulnérables. La prise en compte chez les personnes vulnérables, peu ou pas communicante, nécessitent une attention particulière pour rechercher les signes observables, témoignant d'une douleur (jeunes enfants, personnes âgées, handicapés, patients dans le coma, exclus...).
Article 12 : Des moyens adaptés contre la douleur de l'enfant. L'évaluation et la prise en compte diagnostique et thérapeutique de la douleur des nourrissons et des enfants devraient se faire avec des moyens adaptés, au même titre que pour les adultes.
Article 13 : Les traitements antalgiques complémentaires. L'appel à des thérapeutiques non médicamenteuses dépourvues d'effet indésirable, devrait être respecté et intégré dans certains projets de prise en charge du patient douloureux.
Article 14 : L'information du patient sur sa douleur. Dans le cadre du devoir d'information, le malade devrait pouvoir être informé des possibilités diagnostiques et thérapeutiques concernant sa douleur. Lorsque la communication avec le malade est impossible, ces informations devraient être données à son entourage désigné ou au représentant légal.
Article 15 : Le libre choix du patient pour sa douleur. Participant à son projet thérapeutique, la volonté du malade sera prise en compte : accepter ou refuser les traitements qui lui sont proposés contre la douleur.
Article 16 : Les dommages psychologiques et sociaux de la douleur. Les conséquences psychologiques et sociales de la douleur des malades accidentés ou atteints de maladies professionnelles devraient être systématiquement évaluées et prises en compte, dans l'estimation des dommages et le calcul des indemnisations.
Article 17 : Reconnaissance administrative des traitements antalgiques.
Article 18 : Accès aux traitements de la douleur. Cet accès devrait être facilité par l'élargissement de l'offre de soins, par une meilleure information du public et des professionnels de santé sur les structures de prise en charge de la douleur, ainsi que sur les médecins spécialistes formés à cette approche.
Article 19 : Promouvoir la recherche dans le domaine de la douleur. Les avancées dans le domaine de la compréhension et du soulagement de la douleur ainsi que de la prise en charge du patient douloureux ne peuvent progresser sans la pérennisation et le renforcement de la recherche fondamentale, clinique, psychologique, sociale et culturelle.
Article 20 : La lutte contre la douleur, une véritable culture de soins. La lutte contre les souffrances provoquées par la douleur, reconnue comme un fléau de santé publique, justifie l'octroi et le renforcement des moyens pour la pérennisation des structures douleurs. Celles-ci étant la source de soins spécialisés pluridisciplinaires, d'enseignement, de formation et de recherche, aux bénéfices des patients, des professionnels, des dépenses de santé et des instances impliquées dans ce domaine.